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Le chagrin ou tristesse profonde, à ne pas confondre avec la dépression, est une émotion que nous pouvons ressentir quand quelqu’un d’important.e pour nous disparaît de notre vie. Le manque qui se crée fait mal, et toute personne émotionnellement équilibrée ressentira cette perte comme une douleur qui va jusqu’à être physique. Il faut du temps pour cicatriser émotionnellement et récupérer son enthousiasme après un deuil. C’était la raison pour laquelle les endeuillés portaient soit des vêtements noirs, soit un bandeau noir au bras. Cette tenue signalait que la personne était plus sensible et avait besoin de plus d’attention que les autres. Aujourd’hui, vous enterrez un de vos proches et, quelques jours après, vous retournez travailler comme si de rien n’était. Personne ne peut savoir que vous êtes plus fragile, plus sensible et l’on vous traite comme tout le monde sans aucun égard particulier.
Voici les 5 portes du chagrin selon Francis Weller:
Première porte: Tout ce que nous aimons, nous le perdrons.
“C’est une chose sacrée que d’aimer ce que la mort peut toucher”
Francis Weller
A chaque fois que nous aimons, nous savons que la vie peut nous reprendre ce qu’elle nous a donné. Les bouddhistes appellent cela l’impermanence.
Pour pouvoir accepter de laisser partir ceux que nous aimons, nous avons reçu un processus émotionnel appelé chagrin.
Lorsque vous recherchez les synonymes de chagrin, vous trouvez parmi les 33 possibilités, le mot nostalgie. En découvrant cela, j’ai été tout de suite interpellée par une information étonnante que j’ai mis en lien avec cette première porte.
Les chercheurs Sedikides et Wildshut ont observé à leur plus grande surprise que la nostalgie était bonne pour le cerveau. Voici ce que dit John Médina, à propos de la nostalgie: “ cet état favorise ce qu’on appelle la continuité personnelle, qui fait le lien entre ce que vous avez été et ce que vous êtes devenu.”
Il décrit trois bienfaits qu’apporte la nostalgie:
La nostalgie stimule le lien social, c’est-à-dire le sentiment d’appartenir à un groupe et d’être accepté. (Je rappelle le lien avec la loi d’appartenance des Constellations familiales)
Le bien-être eudémonique augmente, c’est-à-dire le sentiment de plénitude que procure la réalisation de son plein potentiel en tant qu’être humain. Plus le sentiment d’eudémonie augmente moins l’on risque de souffrir de troubles de l’humeur.
Les souvenirs positifs passent au premier plan. Il semblerait que la douceur des souvenirs l’emporte sur l’amertume et cela apparaît lors des scintigraphies de cerveau.
Ces trois bienfaits auront pour effet de:
Réduire la peur de mourir
De rapprocher affectivement les couples de longue date quand ils évoquent des souvenirs communs.
Les personnes deviennent plus généreuses envers les autres.
Le niveau de tolérance augmente par rapport aux personnes perçues comme différentes ou marginales
Le sentiment d’avoir plus chaud alors que la température de la pièce n’a pas changé. (incroyable, n’est-ce pas?)
Deuxième porte: Les parties de nous qui n’ont pas connu l’amour.
Selon Francis Weller, nous avons des parties de nous qui n’ont pas été touchées par l’amour. Ces espaces intérieurs sont très sensibles parce qu’ils ont traversé la vie sans recevoir douceur, gentillesse, compassion et accueil. C’est tout ce que nous n’aimons pas de nous et que nous rejettons. Au fil des années, nous avons fini par les oublier au plus profond de nous-mêmes.
Notre âme ressent une immense tristesse d’être ainsi incomplète et c’est ce qui nous donne ce sentiment chronique d’incomplétude et d’insatisfaction. Nous sommes en permanence en manque de quelque chose que nous recherchons chez l’autre sans le trouver. Cela peut aller jusqu’à un sentiment de honte inexplicable qui nous suit partout comme notre ombre.
Francis Weller parle ainsi de mort prématurée en faisant référence à la disparition de ces parties de nous. Il peut s’agir de notre corps, de notre sexualité, de notre exubérance, de notre colère ou de nos besoins. En négligeant ces parties de nous, nous avons envoyé aux oubliettes des pans entiers de notre vie.
Je rappelle à nouveau la loi systémique d’appartenance. Toutes les parties de nous ont le droit d’exister, d’avoir une bonne place dans notre vie, et, de recevoir les soins, l’attention et l’amour dont elles ont besoin.
Cette déconnexion avec ces parties rejetées de nous crée le sentiment d’avoir perdu son âme. Selon, les peuples traditionnels, la perte de son âme est la pire des maladies que l’être humain puisse avoir. Cela impactera l’énergie vitale, diminuera la joie et la passion, réduira notre sentiment d’être vivant et pourra éroder notre désir de vivre. Nous devenons désenchantés.
Cette perte d’âme apparaît généralement suite à un accident, à une maladie trop longue, à un trauma physique ou émotionnel, à une honte ou des mauvais traitements. Très souvent cela commence durant l’enfance, et cela peut même prendre naissance durant notre vie intra-utérine. La répétition de négligence affective, de rejet crée un trauma lent et insidieux qui blesse profondément l’individu et se marque au niveau de l’âme. Le trauma renforce le sentiment de honte qui accable la personne.
Les regrets font partie de cette deuxième porte. Il s’agit de tous ces choix qui ont blessé d’autres personnes ou nous-mêmes. Vivre avec des regrets est d’une grande tristesse. La solution pour adoucir ces regrets est de nous ouvrir à la compassion, à l’auto-pardon. C’est alors que ceux-ci pourront s’assouplir et libérer la vie qui y est restée coincée.
Le chagrin ne s’exprime pas seulement par la tristesse mais aussi par la colère et la rage. Il est un puissant solvant qui permet d’assouplir les places les plus dures de notre coeur.
Troisième porte: Les chagrins du Monde
Il s’agit ici, selon Francis Weller, de toutes les pertes du monde qui nous entoure que ce soit au niveau de la planète, du monde animal, ou de l’humanité.
Que l’on en soit conscient ou pas, chaque jour voit une espèce animale disparaître, un site naturel qui est détruit, des forêts qui sont rasées, et cela a un impact sur notre psychisme. Nous appartenons à un ensemble de systèmes qui ne sont pas qu’humains. Les forêts, les océans, les montagnes, les rivages, les espèces végétales et animales sont une partie de nous, de notre corps et nous sommes une partie de la planète.
Les médias nous rappellent régulièrement cette destruction résultat d’un modèle qui s’appuye sur la croissance sans fin de la production et donc de la consommation ce qui finit par épuiser les ressources de matières premières, détruit les paysages, et contribue à polluer notre planète.
Le fait d’assister, impuissants, à cette destruction massive active un immense chagrin qui ne trouve pas de place pour s’exprimer. La nostalgie de la vie qui nous entourait il y a 50 ans ou plus sur notre terre n’est pas autorisée à s’exprimer. Il nous est demandé de nous réjouir des progrès technologiques, de la diversité des produits fabriqués par l’industrie, et de tout ce que la civilisation a apporté et d’ignorer les pertes que cela a créé.
Pourtant, l’âme de notre humanité est dans une profonde détresse. Chellis Glendinning, psychologue spécialisée dans l’accompagnement des traumas, activiste, anarchiste et écrivaine , parle de “Earthgrief”, le chagrin de la Terre.
Francis Weller pense que cette porte nous permet d’accéder à l’âme du monde ou anima mundi. Nous appartenons à un champ de conscience plus grand que notre corps, peut-être même, comme le dit Jung, que notre âme ne vit pas en nous mais repose autour de nous. C’est en tout cas ce que croient les peuples premiers, qui ont un contact privilégié avec leur environnement et le considére comme inséparable d’eux-mêmes.
Au fil des années, l’intensité de la tristesse et du chagrin ressentit par les hommes et les femmes tout autour de la planète augmente et agit sur notre psychisme. Le fait de n’avoir nul part pour pleurer la perte des animaux, des plantes, et la destruction de notre environnement est une souffrance immense pour l’individu. Je crois vraiment que la pratique des Constellations systémiques est une merveilleuse opportunité de laisser couler les larmes accumulées au plus secret de nous-mêmes.
Tant que nous ne pouvons pas pleurer la perte de nos compagnons du monde animal, de nos amies les plantes, des montagnes rongées par les machines, nous ne pouvons pas guérir, et donc trouver des solutions pour arrêter la destruction de notre maison.
Cette séparation, lente, silencieuse et continue, est un des pires traumas que notre humanité endure aujourd’hui. Notre univers a, ces 100 dernières années, changé profondément d’aspect, avec un des plus grands génocides que l’être humain a perpétré. Des millions d’êtres vivants ont été tués indirectement, et ont disparu de notre planète sans avoir eu l’occasion d’être remerciés pour ce qu’ils nous ont apporté. Glendinning appelle cela le Trauma Originel (Original Trauma). Ce trauma est facilement détectable. Les symptômes sont entre autres l’anxiété chronique, la dissociation, la perte de confiance, l’hypervigilance et la déconnection. Nous sommes laissés par la société de consommation avec un sentiment profond de solitude et une isolation que nous avons rarement l’occasion de reconnaître.
D’ailleurs, je crois que bien des jeunes millennials qui n’arrivent pas à s’intégrer dans la société, souffrent intensément du Trauma Originel. Malheureusement, rien ne leur ai proposé pour désactiver cette souffrance. Non seulement, ils ne peuvent être aidés mais de plus ils portent la honte de ne pas être insensible à la douleur du monde et de ne pas pouvoir être productifs pour la société comme tout le monde.
Que nous en soyons conscients ou pas, aujourd’hui, 99,9% de la population mondiale souffrent de ne plus ressentir son appartenance à la planète. Nous nous sommes, au fil des siècles, exclus de notre propre système et le non respect de cette loi systémique (Les 3 lois systémiques sont la Loi de l'Appartenance, la Loi de l'Ordre, la loi d'Equilibre entre le Donner et le Recevoir) crée de la folie. Il reste, peut-être, à cette heure, quelques familles aborigènes qui vivent cette relation intime avec la Terre Mère, avec la nature mais je suis au regret de dire qu’il s’agit des derniers instants. Nous n’avons aucune idée de ce qu’il pourrait arriver lorsque plus aucun être humain ne sera connecté physiquement et psychiquement à la planète.
Je ne veux pas vous effrayer et je garde de l’espoir dans notre capacité à créer de la résilience. Le processus des Constellations familiales et systémiques peut vraiment être d’une grande aide pour les individus et les communautés qui recherchent un lieu protégé, sacré pour laisser libre cours à leur chagrin.
En tant que facilitateurs/trices en Constellations, nous avons un rôle important à jouer pour permettre à cette tristesse, ce chagrin, ce désespoir même de s’exprimer et ainsi guérir de ce Trauma Originel. C’est seulement en accédant à ce désespoir et en le laissant nous assouplir que nous pourrons accéder à notre créativité et refertiliser notre planète.
Quatrième Porte: Ce que nous attendions et que nous n’avons pas reçu.
Il s’agit d’une porte difficile à percevoir, car nous ne la connaissons pas vraiment alors qu’elle est présente dans nos vies. Il suffit de voir la soif de contacts, de sensualité, de connexion, d’émerveillements des enfants. J’ai donné la vie à quatre enfants qui sont adultes aujourd’hui. J’ai pu voir leurs yeux briller quand nous nous promenions dans les bois à la recherche des fées et des lutins. Quelle joie en eux quand nous célébrions Noël autour d’un grand feu au fond des bois au milieu de la nuit, et comme ils se régalaient lorsque je leur racontais des histoires avant d’aller dormir et n’en avaient jamais assez.
L’être humain est né pour vivre une relation profondément sensuelle et riche avec la Terre Mère et tous ses habitants. Dès notre naissance, nous attendions cet échange profond, intime avec nos proches et la nature et nous n’avons rencontré que pauvreté relationnelle, isolement et déconnexion avec le magique et la nature. Nous attendions également que nos proches nous offrent des rituels de célébration, de chagrin et de guérison pour nous aider à garder le contact avec le sacré, et nous avons reçu le rituel de l'achat, les villes impersonnelles, la télévision et les jeux vidéos.
Au coeur de ce chagrin profond, il y a notre désir d’appartenir. Encore une fois, la loi d’appartenance (une des trois lois systémiques) est au coeur de notre équilibre émotionnel, relationnel et spirituel.
Il n’y a pas très longtemps, nous vivions dans des villages composés de grandes familles. Aujourd’hui, nous vivons pour une grande majorité d’entre nous dans des grandes villes, souvent loin de nos proches et même de nos amis.
Je me souviens, à la fin des années 80, j’habitais, alors, un petit village de Wallonie en Belgique, et nous pouvions passer chez nos ami.e.s sans devoir prendre rendez-vous. Aujourd’hui, je ne me permets plus de faire cela sauf quelquefois quand je suis à la campagne au Portugal, où c’est encore possible de rendre visite sans prévenir. De plus en plus de mes ami.e.s vivent seul.e.s et en souffrent quoi qu’ils/elles en disent.
J’ai été en octobre 2018 passer quelques jours dans le sud du Maroc, dans une vallée appelée Tamatatouche, à quelques heures du désert. J’ai été impressionnée par le fait qu’aucune maison n’avait d’antennes de télévisions ou de paraboles. Le soir, après une longue journée de travail, les personnes se rassemblaient pour chanter et jouer de la musique. Quel bonheur!
Jean Liedloff, écrivaine écologiste, qui a vécu pendant deux ans avec des tribus de l’âge de la pierre dans la jungle amazonienne, écrit que l’être humain a été conçu pour être touché, pour entendre des sons et des mots qui apportent apaisement et confort. Nous avons été formés pour être proches et intimes avec notre environnement humain et naturel, et cela est de plus en plus rare et inaccessible.
Notre profond sentiment de manquer quelque chose n’est pas le résultat d’un échec personnel, mais plutôt le résultat d’une société qui a échoué à nous offrir ce pour quoi nous avons été créé.e.s. Nous en sommes venu.e.s à nous sentir chanceux/ceuses de ne pas être sans toit ou de ne pas souffrir alors que nous manquons de l’essentiel, le contact intime avec ceux que nous aimons et la nature.
Lorsque les enfants sont soutenus par leur communauté, ils se sentent confiants en eux, curieux et motivés. Ils se sentent bienvenus dans le monde.
Nous avons hérités, à notre naissance, de talents à partager qui sont, la plupart du temps ignorés, car ils ne correspondent pas à ce qui est attendu par la société. Ces dons existent pour être vus, développés et appréciés par ceux et celles avec qui nous vivons. Ce sentiment d’être apprécié.e pour notre richesse renforce notre dignité et notre valeur. C’est, comme le dit Francis Weller, une forme de “développement spirituel”. Nous ne pouvons les offrir que si nous pouvons être totalement nous-mêmes.
Aujourd’hui, c’est à peu près l’inverse qui se passe. Nous encourageons nos enfants à faire des études qui correspondront au marché de l’emploi, et non pas pour leur donner un sentiment de valeur et de dignité. La question que l’on pose habituellement est que fais-tu pour vivre? Je dirai même que l’on devrait utiliser le mot survivre. Imaginez plutôt que l’on vous demanderait : “Quel est le cadeau que ton âme est venue apporter dans le monde? “.
L’être humain recherche fondamentalement à faire et à donner sens à la vie, la sienne et celle des autres. Il aime pouvoir appartenir et faire la différence. Lorsqu’il en est empêché, une grande douleur se développe et un chagrin créant une cavité psychique le connecte à ce sentiment de vide qu’il cherchera à combler par l’hyper-activité, la surstimulation, les addictions et la fuite en avant.
Le cercle des Constellations systémiques offre cet espace sacré où chacun.e d’entre nous pouvons pleurer toutes les larmes, crier notre rage et retrouver le soutien de notre lignée ainsi que celle de notre communauté. Il est possible de retrouver sa dignité et le sentiment d’avoir de la valeur pour soi et les autres.
Cinquième porte: le chagrin de nos ancêtres
Il s’agit des chagrins de nos ancêtres que nous portons dans notre corps et dans notre coeur par loyauté. La plupart du temps, nous ignorons leur existence. Nous les avons reçus de nos parents, qui les ont reçus des leurs et ainsi de suite. Ces chagrins reposent couche par couche dans le silence de nos corps et de nos âmes. aujourd'hui, on sait qu'ils sont inscrits dans notre ADN.
Au-delà des chagrins transgénérationnels, nous portons aussi les traces de mémoires d’abus collectifs, des génocides perpétrés et des blessures de l’esclavage. L’amnésie dont nous souffrons, ne désactive pas le chagrin qui nous habite. Nous ne ressentons pas le soutien de nos ancêtres mais plutôt leurs poids. Nous leur sommes loyals mais en dépit de notre volonté.
Grâce à Bert Hellinger, créateur des Constellations Systémiques, nous avons un processus qui peut aider à nous libérer de ces mémoires douloureuses, de ces chagrins trans-générationnels et de cette sensation d’être seul.e et vide.
C’est pourquoi je suis si reconnaissante à mon formateur Alfred Ramoda Austermann, à Bert Hellinger, à John Whittington, et à toutes les personnes qui contribuent à transmettre ce rituel sacré que sont les Constellations familiales et systémiques.
Vous portez en vous un chagrin qui vous empêche de profiter de la vie et de vous engager pleinement dans une relation, alors, vous pourriez avoir besoin d'un accompagnement par les Constellations familiales. Si c'est le cas, réservez 30 min pour en parler avec Orianne en cliquant sur le lien suivant: https://calendly.com/orianne-corman/prisedecontact
A tout bientôt.
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